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Le vrai jeton
20 janvier 2017

Déclassement social

Le choix d’étudier l’entourage familial des enfants suivis dans le cadre de l’ASE se justifie par les mutations contemporaines de la famille et du droit familial. La part des couples avec enfant(s) diminue régulièrement au profit des familles monoparentales (INSEE, 2008b), ces dernières rencontrant plus fréquemment de grandes difficultés socio-économiques. De plus, leur surreprésentation parmi les parents des enfants suivis par l’ASE attire l’attention4. Ces parents, essentiellement des mères déjà éprouvées par la vie et souvent très fragiles, sont censés bénéficier d’un suivi régulier et personnalisé de la part des agents de l’ASE, à la faveur d’une évolution du droit, au début des années 2000, instaurant l’obligation des professionnels de respecter l’autorité inaliénable des parents naturels. Ce changement marque la reconnaissance symbolique par l’État d’un droit des parents d’enfants placés à être écoutés et accompagnés. Les injonctions contradictoires adressées aux travailleurs sociaux empêchent toutefois généralement de reconnaître les besoins des parents qui, déçus et rendus méfiants à l’égard des institutions et de leurs représentants, en viennent à dissimuler volontairement certaines de leurs difficultés de peur que leur dévoilement n’en vienne à se retourner contre eux. Chacun de ces publics a donné lieu à une étude exploratoire quantitative et qualitative. L’ambition n’était toutefois pas celle d’une description exhaustive, mais plutôt d’une analyse de leur expérience personnelle et collective d’invisibilité sociale. L’invisibilité sociale se caractérisant fondamentalement comme un déni de reconnaissance, selon la définition qu’en fournit Axel Honneth (2004a), il paraissait en effet important de caractériser l’invisibilité en tant que vécu subjectif.

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